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Quand, d’après l’opposition, Frank Timis navigue entre contre-vérités et imprécisions

A force de gratter le vernis qui recouvre les interviews croisées de l’homme d’affaires Frank Timis, dans les journaux L’As et Le Témoin, la Coalition “Mankoo Wattu Seneegal” y débusque une litanie de contre-vérités sur fond d’imprécisions criantes.

D’ailleurs, pour convaincre les plus sceptiques quant au caractère désinvolte du milliardaire et boss de Petro-Tim Limited, l’opposition noie ce dernier dans une succession d’omissions suspectes et de contradictions.

A cet effet, Malick Gackou et ses camarades relèvent l’exemple où Frank Timis feint semblant d’ignorer qu’Aliou Sall avait reçu un mandat le 23 mai 2012 pour créer Petro-Tim Sénégal. Voici les morceaux choisis de ce tissu de “contre-vérités” et d’imprécisions” notées par la Coalition “Mankoo Wattu Seneegal”. 

  1. « J’ai commencé à faire du business au Sénégal en 2010-2011…Nous avons alors signé un MOU (Memorandum of understanding) avec Petrosen ». Ensuite « La seule confusion autour de cette affaire est relative à l’appellation Tim. Mais je n’ai rien à y voir ».

Le MOU signé le 8 décembre 2011 lie Petrosen et Petrotim Limited. Il a été signé par Wong Joon Kwang (Représentant de Petrotim Limited), Ibrahima Mbodj (Représentant de Petrosen) et contre signé par  le Ministre en charge de l’énergie. C’est donc bien la société Petrotim Limited qui a signé, à moins que Frank Timis ne produise un MOU différent de celui que nous connaissons.

  1. Le Président Macky Sall, à son arrivée au pouvoir a refusé de signer le décret pendant quatre mois. (le Témoin page 7). En vérité, le Président Macky Sall n’a pas mis quatre mois pour signer les décrets portant approbation des contrats de recherche et de partage sur les blocs de Cayar et St Louis Profond puisqu’il a signé les décrets le 19 juin 2012. Quatre mois, cela coïnciderait plutôt  avec la création de Petrosia Limited le 11 juillet 2012 aux Îles Cayman.
  2. Pour F. Timis, «  Petro tim Sénégal , c’est une boîte aux lettres,… une société anonyme unipersonnelle et a un seul actionnaire, c’est Petro tim limited une personne morale»,( le Témoin page 7). Il oublie de dire que  Aliou Sall avait reçu un mandat le 23 mai 2012 pour créer Petro tim Sénégal.  Il nous faut la liste des actionnaires de Petrotim Limited ainsi que de Petro asia créée le 11 juillet 2012 aux Îles Cayman.
  3. « Ma famille tient des actions dans Petroasia, une entreprise basée à Hong Kong. Petrotim était donc une filiale de Petroasia. La seule confusion autour de cette affaire est relative à l’appellation Tim. Mais je n’ai rien à y voir (l’As page 7).

Quelle contradiction ! sa famille est bien dans Petroasia, maison mère de Petrotim, d’après ses propres dires. Il est donc concerné par Petrotim Limited. En tout état de cause, au final,  nos avocats devront exiger les éléments probants attestant de l’actionnariat de Petroasia Resources Limited créée le 6 mars 2012, de Petroasia Limited créée le 11 juillet 2012, de PetroTim Limited créée le 19 janvier 2012, de Petrotim Sénégal SAU du 4 juillet 2012, toutes  ces sociétés emboîtées  en « poupées russes ».

  1. « Eddie Wong a décidé de quitter le Sénégal.. J’ai proposé de racheter la société. A l’époque, je lui avais prêté 3,4 millions de dollars (un milliard sept cent millions de FCFA) pour couvrir ses frais au Sénégal. En échange de l’annulation de cette dette et d’une cession d’un peu moins de 10% des parts de Timis, il m’a cédé Petrotim  (le Témoin page 7). «  Lorsque Eddy a voulu se retirer, j’ai demandé à ma famille de prendre le relai… J’ai alors de mon propre chef, repris la licence d’exploration. C’était en juillet 2014 »… « J’ai alors de mon propre chef repris la licence d’exploration et les engagements de 275 millions US$ d’investissement des mains de PetroTim ».. Je rappelle qu’on a repris la licence de Petroasia à dix millions de dollars, 2,5 millions en cash et l’équivalent 8% d’actions dans Timis Corporation (l’As page 7). F. Timis reconnaît avoir acheté Petroasia.  En effet, même s’il fait référence à sa famille, on peut penser que c’est lui qui a acheté. On ne sait pas non plus  s’il s’agit de Petroasia  Resources  limited créée le 6 mars 2012 à Hong Kong  dont Petro-Tim Limited est une filiale à 100% (dont la référence est mentionnée dans le décret  de 19 juin 2012) ou de Petroasia Limited créée le 11 juillet 2012. Sans doute s’agit-il de la maison-mère, les juges devront clarifier ce point.  Par ailleurs, Frank Timis présente la chronologie des faits comme si au départ Petroasia est le signataire avec l’Etat du Sénégal, lui n’étant intervenu qu’en juillet 2014 contre l’avis de sa famille et de son staff.  Or, l’Etat du Sénégal n’a été lié qu’à la société Petrotim Limited, et jamais à Petroasia de son ami Eddy Wong. Et c’est bien ce qu’il reconnaît lui même. Faire la transaction avec Petrotim Limited, ne signifie pas la faire avec Petroasia la maison- mère. En tout état de cause, F. Timis nous informe que Petro tim Limited n’a pas dépensé plus de 3,4 millions de dollars pour les travaux d’exploration sur les blocs de Cayar et St-Louis.
  2. On notera néanmoins la différence des modes de rachat présentés dans les deux journaux. C’est à se demander si F. Timis est bien au courant de cette affaire et s’il ne parle pas sous la dictée de quelqu’un d’autre. Il annonce au passage que lui aurait détenu 10% d’actions dans Pétroasia qui appartiendrait à M. Wong ( Petroasia avait demandé les blocs St louis et Cayar Profond. Nous étions en compétition avec Tullow Oil mais nous avons gagné. Je suis juste actionnaire à hauteur de 10% de Pétroasia (le Témoin page 7).   Or, cette société a été créée le 6 mars 2012.
  3. Par ailleurs, il est établi que Timis Corporation a racheté les licences à Petrotim Limited et non à Petroasia. Ensuite, les montants annoncés sont ridicules et ne peuvent passer que si, comme le fait Frank Timis, l’assurance de la présence de réserves importantes de gaz dans les 2 permis n’existe qu’après cession à Kosmos Energy Senegal en juillet 2014. Or, cette assurance existe avec les découvertes voisines en Mauritanie qui confirment l’important potentiel des gisements. Néanmoins, par cet aveu, Frank Timis offre un moyen de calculer la base fiscale pour la taxation de cette opération qui ne saurait être exonérée, car n’entrant pas dans le champ des activités d’exploration.
  4. Notons au passage une grave omission du Premier Ministre M. Dionne dans sa déclaration du 21 septembre 2016. Le Premier ministre, affirmant tout savoir du pétrole et du gaz du Sénégal, avait voulu être précis et exhaustif dans sa déclaration. Cette affirmation de Frank Timis permet aujourd’hui de relever qu’il a volontairement omis de citer la première phase du « Farm out » ayant bien donné lieu à une contrepartie financière, partiellement en cash. Il est particulièrement regrettable qu’un tel oubli puisse apparaître comme une volonté manifeste de justifier une dissimulation fiscale.
  5. Il dit dans le Témoin à la page 7, qu’au Sénégal, l’Etat prend 48% des bénéfices et 25% de taxes, soit 73%. Dans l’As, page 7, il dit : « le Gouvernement a alors signé, mais a augmenté de 10% les actions sur le partage des bénéfices. Petroasia et Petrosen étaient tombés d’accord sur un partage de 48% contre 52. Le nouveau Président a dit non et proposé que le Sénégal prenne 58% des bénéfices. » D’abord, Petrosen a signé avec Petrotim Limited le 17 janvier 2012 qui sera créée deux jours plus tard et non avec Petrosia, en notre connaissance. Première erreur. Deuxième erreur, le contrat avec  Petrosen n’a pas changé depuis cette date. Ainsi,  on apprend que le Président Macky Sall serait alors directement intervenu dans les négociations pour demander  10% d’actions en plus. Au niveau de quelle société ? de Petroasia qui sera créée le 11 juillet 2012 ? En tout cas, Petrosen a toujours eu 10%. De quoi parle t- on ? Ce n’est pas clair.
  6. Sur les engagements de dépenses, il dit dans le journal le Témoin page 7 : « avec nos partenaires nous avons mis 400 millions de dollars (200 milliards CFA) d’investissements, dont 120 millions de dollars (60 milliards de FCFA) apportés par ma famille. » Or, jusqu’ ici, le Gouvernement a soutenu avec Kosmos Energy que c’est cette société qui a financé les puits et la sismique 3D ayant conduit à la découverte du gaz pour 250 millions de dollars.
  7. « J’ai dépensé 100 millions de dollars dans l’exploration au Sénégal ( l’As page 7)» Ceci est curieux, en effet, Frank Timis dit n’être intervenu qu’après Petroasia par le biais de Timis corporation en juillet 2014 avant de céder 60% à Kosmos. Or il n’a porté que 46 jours les engagements de financement et de garantie (communiqué officiel du MEFP). Les engagements de financement sont cités en montant : 275 millions US$ repris de Petroasia, et cédés à l’identique à Kosmos qui les a portés à 450 millions US$. Donc, à quel moment et au profit de qui, Frank Timis aurait-il pu dépenser 100 millions US$ ? Il devra devant les juges donner le détail de ces dépenses selon leur nature avec à l’appui de ses dires indiquer une traçabilité probante des fonds décaissés.
  8. « A Kosmos donc je cède 60% des actions, mais je n’ai pas reçu un franc d’eux. Kosmos augmente l’engagement de financement qui passe de 275 à 450 millions de dollars ( l’As page 7) » A supposer que cette transaction de cession d’actions, d’actifs et d’engagements n’ait pas donné lieu à un versement de cash, Frank Timis ne doit pas ignorer que l’absence de cash n’exclut pas une valorisation des 60% cédés. Par son aveu, Frank Timis offre donc un moyen de calculer la base fiscale pour la taxation de cette opération.
  9. « Je n’ai pas payé de taxe au Sénégal, on est en phase d’exploration. A ce stade il n’y a pas de taxe à payer. C’est la loi qui le dit »« J’ai pris la licence à environ dix millions, mais ce n’est pas une transaction locale. Les deux sociétés sont enregistrées à l’étranger, elles ne peuvent pas payer des taxes au Sénégal  l’As page 7)». Pourtant, le rapport Petroasia 2013 affiche que Petrotim Sénégal est attributaire des deux permis. Petrotim Sénégal est une société de droit sénégalais, donc l’opération aurait du être taxée. On relèvera que l’Etat du Sénégal a couvert et cautionné le recours à des sociétés offshore qui avaient pour objectif (avoué par Frank Timis) de détourner la loi fiscale aux dépens du budget et des intérêts du Sénégal.  Néanmoins,  même si on admet une transaction entre 2 sociétés étrangères, la reprise de licence et des actifs et engagements est une opération taxable au Sénégal puisque les passifs et actifs sont localisés au Sénégal. En outre, cette transaction n ‘est pas exonérée car n’entrant pas dans le champ du périmètre défini par la loi dès lors qu’elle ne concerne pas des opérations d’exploration.

 

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