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(Chronique de Alioune Fall) Ici, on peut bien se prévaloir de sa propre turpitude

Bienvenue ! Vous y êtes. On est au Sénégal. Pour y vivre en paix, il faut faire la paix avec tout le monde. Ce qui s’appelait, il y a des temps « pensée unique » n’est pas, en soi, très différente de ce que la collectivité semble t’imposer. On clamera partout que nous sommes les champions de l’indépendance et de la liberté d’expression sans jamais tenir à l’éprouver. Et pourtant, c’est bien à l’épreuve qu’on peut asseoir une certitude sur ses vertus.

La qualité d’incorruptible ne peut être légitimement reconnue à une personne qui n’a jamais été sous la tentation d’un corrupteur. Celui qui se prend pour le plus pieux d’entre nous, qui n’a jamais vu ses passions tentées n’est que prétentieux. Ce dont on est sûr c’est que toutes les conditions sont réunies pour que nous soit marqué notre penchant au paradoxe. L’absurde est no tre tisane du midi et nous ne dormons sans en prendre une dose. A peine le pied sur le sol, nous croyons ne pouvoir tenir sans en faire une injection. Ceci ne dénote pas de notre incapacité à saisir nos bêtises quotidiennes. Oh qu’on en a conscience ! Et c’est en cela que nous sommes très doués.

Chacun se cache de l’autre. Ce que chacun cache, ce n’est pas ce qu’il fait mais plutôt ce qu’il pense.

Dans la République tout le monde pense que la faute de Khalifa SALL est politique mais chaque matin, on se plait à se rendre au tribunal pour donner un sens aux rudes empoignades entre juristes. Si vous êtes friands de « Boston Legal » ; ça pourrait bien vous plaire.

On sait que les politiciens ont sous la manche des sous dont les origines ne sont jamais élucidées ; mais dans une pièce où tous les occupants sont nus, il est hors de question d’allumer une torche. La loi de la pièce fera de la première personne qui tentera d’y apporter la lumière « le lâche ». Le premier à se munir d’un cache-sexe théorisera la fin de l’obscurité. Caisse d’avance ou fonds politique, les considérations juridiques s’écartent de la réalité, on le sait. Si les autres ne voyaient pas en Khalifa une menace, ce dernier ne serait jamais inquiété. Mais comme il a décidé de jouer des notes discordantes, la police de l’orchestre va sévir. Et qui ose contrarier le chef d’orchestre ? Il a tous les moyens et n’est pas moins qu’un monarque constitutionnel.

Ce qu’il nous manque c’est de la conséquence. Aucune logique ne guide les positions. La lourdeur de la gestion des finances publiques favorisent le détournement d’objectif et la pratique des justificatifs fictifs. Je le sais sans être un illuminé. Quand tous les jours, on produit des factures qui ne correspondent pas à des prestations réelles, on ne se cache pas. Alors tout le monde fait la leçon à tout le monde et Dieu sait, que les donneurs de leçon sont d’une rareté. Que celui qui n’a jamais péché lance la première prière. Ceci n’est pas une apologie de la gestion nébuleuse. De toute façon, cette cause n’a pas besoin qu’on la défende aujourd’hui ; elle s’est constituée en religion. La chambre est vide et noire mais celui qui ramasse le premier cache-sexe demande à avoir une torche.

Tout le monde fait tout sans scrupule et tout le monde juge tout le monde sans recul ni discernement. Sinon comment va-t-on reprocher un larbinisme d’Etat, quand on se précipite à adresser une correspondance au président Macron pour, soi-disant, dénoncer les errements du régime. Mais est-ce qu’on s’entend parler finalement ? Comme qui disait que quand on n’est pas d’accord avec le gouverneur, la venue du président est la meilleure occasion pour porter un brassard rouge. Il y avait un seul Président…, un gouverneur et des aspirants gouverneurs. Et sachant qu’un gouverneur ne tombe pas du ciel, l’honnêteté voudrait qu’on ne dénonce pas des tares dont on est soi-même porteur.

L’emprise mentale est tellement profonde qu’on a fini par faire de la visite de Macron, le retour du messie. La fête était belle. Tout le monde a dansé. Alors ne demandez pas au Président de faire les airs renfrognés. Il ne pouvait cacher son bonheur quand tous ses compatriotes sont aux anges.

Finalement, Quand on est d’un esprit libre, on ne sait plus où donner de la tête. On est aux bords de la mélancolie. Quand on veut noyer le chagrin, il vaut mieux rester loin de l’alcool car il y a bien mieux.

Moi je choisis d’en rire. Je ne trouve même plus scandaleux qu’Ouzin Keita arrive à se faire un clip ou que ses sorties deviennent virales sur les réseaux sociaux. Vous voulez quoi finalement ? Qu’on en pleure. Mais non, il ne faut pas faire plaisir aux ennemies. Il vaut mieux danser en esquivant les mauvaises langues.

A défaut, aller visiter la page « T’es de Dakar si… », les délires y ont repris, les collages y seront encore plus marrants. Faites vite avant qu’on ne la signale encore. Les coupables de la censure manquent d’humour, c’est vrai. Si la page donne du fil à retordre au régime, je ne comprends pas que le compte facebook d’Idrissa Fall Cissé continue d’exister. En attendant qu’on le signale délectons-nous de notre triste sort comme de dignes « laisser-pour-compte ». Et comme il ne peut en être autrement…, « koon yes! ».

Alioune Fall Af

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