Contribution

A quand la chute du « Punto Fijo » sénégalais ? Par Njaay Baabakar

Je vois déjà des pulaar qui me feront leur tête de « honto Poungto Fiizo ? ». Mais pas grave, un petit rappel vous donnerait certainement une idée de cette expression. Il y a à peine cinq mois, je vous livrais une information de taille, qui est passée inaperçue et pourtant que je tiens de sources sures, en ces termes : « je vous invite au mariage du fils de Aliou Sall en 2025, qui invitera Karim Wade qui à son tour, lors de son discours, parlera d’une éventuelle retrouvaille de toute la famille libéralo-sociale, pour former une nouvelle coalition Soupe Kanja contre le pouvoir en place. Mais ne vous inquiétez pas, c’est juste l’invitation que je vous donne, cela me trouvera certainement en mode Immigration Time en plein cœur du Sahara, là-bas au moins je pourrai vivre 24h/24 sans être obligé d’assister à du vol, des mensonges, et de la tricherie perpétuelle. » Ceux qui jugent fausse cette information Dieu vous voit.

En 1958, au Venezuela, fut signé le pacte de Punto Fijo, le parti Acción Democrática (AD) et le Comité de Organización Política Electoral Independiente (Copei). Ce pacte permettait l’alternance permanente du pouvoir entre ces deux organisations qui constituaient l’oligarchie vénézuélienne. L’élite s’était accordée de gérer le pays dans la plus grande opacité, d’autant que celui-ci détient l’une des plus importantes réserves de pétrole au monde. L’argent de l’or noir était ainsi entre les mains de la bourgeoisie au détriment du peuple.

Le calvaire des vénézuéliens dura ainsi près d’une quarantaine d’années, avant que la chute du
« puntofijismo » ne soit réalisée par Hugo Chavez en 1999.
Le nouvel homme fort de la République Bolivarienne fit de la redistribution du pétrole, l’axe principale de sa politique. La nationalisation de l’entreprise pétrolière vénézuélienne et la hausse des impôts sur le pétrole de 1 à 30%, furent les premières mesures du nouveau Chef d’Etat. L’éducation, la santé, la santé, l’habitat etc. devinrent quasi-gratuites grâce aux 500 Milliards de Dollars investis via le fond de redistribution du pétrole.

Chavez le sanguinaire, Chavez le dictateur, Chavez le démon, tant de qualificatifs que l’on pouvait entendre à son propos, car menant une politique complètement contraire aux intérêts de l’oligarchie et de l’occident.  Cependant sur les chiffres, les fils politique de Fidel Castro battaient nettement des records mondiaux, avec un taux de pauvreté qui a chuté de 50 à 25%. Le taux de pauvreté extrême, constituée de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour, passa de 25 à 8%. Sur l’indice de Gini, utilisé pour mesurer l’écart entre les revenues les moins élevées et les plus élevées, le Venezuela passa du pays le moins égalitaire au pays le plus égalitaire au monde.

Si je n’étais pas conseiller spécial de Macky en location d’appartement en 1999, je pense que j’aurais fait un très bon griot vénézuélien auprès de Hugo Chavez. Mais bref ce n’est pas grave.

En quittant Caracas et atterrir à l’aéroport marocain du Sénégal (LSS), la question d’un pacte de punto fijo sénégalais me laissait complètement perplexe.
Quand je repense que Mister Wade s’est présenté à des élections en 2017, à l’âge de 111 ans, je sens la puntofijismosation du Sénégal
Quand j’aperçois Jules Ndéné Sal, Serigne Mbacké Sall, Yakham Sall et autres brouteurs d’herbes se ranger derrière Ngor, je sens la puntofijismosationtotale du Sénégal
Quand je vois autant de prisonniers politiques que de « libérés politiques », je sens la puntofijismosation extrême du Sénégal
Quand la transhumance et le non-respect de la parole donnée restent le maître-mot de la scène politique, je sens la puntofijismosation définitive du Sénégal

Même si un pacte n’a pas été signé, à ce que je sache, aucune politique n’est encore menée au Sénégal, sans qu’elle ne soit en phase avec le Puntofijismo, des indépendances à nos jours. Le pétrole arrive dans moins de cinq ans, que faisons-nous pour en profiter pleinement ? Les élections présidentielles  arrivent dans 15 mois, avons-nous déjà choisi ce Chavez qui nous sortira de ce trou macabre de la dépendance ? Sommes-nous vraiment prêts en tant que peuple, à mener ce combat nationaliste pour le changement ? A quand la chute du Punto Fijo sénégalais ?

Moi de toute façon j’ai déjà mon visa pour le Sahara et je ne tarderai pas à faire mes valises si ça continue comme ça.

Babacar Ndiaye

Dans la même rubrique...

Tourisme au Sénégal : plaidoyer pour un secteur vital (par Mme Oumy Sall, acteur Touristique)

Actusen

Degré Zéro de la politique (Par Moussa Diaw, Politologue)

Actusen

Contribution / Pèlerinage 2024 : Au Sénégal, le business est en voie de déteindre sur le caractère sacré du hadj Makka (Par Cheikh Oumar Tall)

Actusen

Laissez un commentaire