Contribution

Du statut de l’opposition ou de la statuette de division

Le conseil constitutionnel ayant proclamé les résultats définitifs des législatives de 2017, l’heure est à se poser une question simple : la technique du diviser pour mieux régner de l’époque coloniale doit-elle toujours rester d’actualité car bientôt surgira le débat sur le statut de l’opposition et son chef.

Ce qui est dommage est qu’une partie de notre opposition va une fois de plus, concourir à la réussite de cette pratique pour des intérêtspersonnels ou par simple problème d’ego.

Le statut de l’opposition et de son chef, est comme une statuette dorée en apparence, mais celui qui le recevra, aura la grande surprise d’avoir eu comme cadeau,une figurine sans valeur, vide de contenu, et malheureusement, en ce moment-là, les dégâts seront si profonds au sein de notre opposition, qu’il sera difficile de compenser les plaies.

Car, Terminée cette mascarade électorale du 30 juillet 2017, le constat général est que ladésunion de l’opposition à contribuer àl’affaiblissement de nos forces, dans ce contexte, l’idée d’agiter le choix du chef de l’opposition, me semblera, inopportune

C’est quoi le chef de l’opposition ?

Répondre à cette question revientd’abordà revoir l’article 58 de notre constitution révisé en 2016 qui stipule que :

«-  La Constitution garantit à l’opposition un statut qui lui permet de s’acquitter de ses missions.
-La loi définit ce statut et fixe les droits et devoirs y afférents ainsi que ceux du Chef de l’opposition ». 

Deux questions doivent être posées par rapport à ces deux phrases

  1. Est-ce que l’opposition, au regard de ce qui s’est passé pendant les récentesélectionslégislatives a eu les moyens de s’acquitter de sa mission. La réponse est affirmativement NON
  2. Ensuite, comme la loi organique, qui doit définir les droits et les devoirs du « chef de l’opposition » n’est pas encore connue, qu’elles seront les attributs du « chef de l’opposition » ?
  3. Jouira-t-il de supersprivilègesétatiques (salaire, voitures etc…) ? dans ce cas le chef de l’opposition sera en contradiction avec les revendications de son peuple concernant le train de vie l’état et la diminution des institutions budgétivores,
  4. lesattributs du chef de l’opposition, auront t’ils un caractère : informatif ?ou consultatif ? ou décisionnel ? vis-à-vis du Président de la République.

De ce fait, l’opposition devrapolémiquer sur une chose sans contenance pour l’instant, qui aussi n’aura pas de sens, car, dans tous les cas, ses fonctions seront réduites au rabais dans la mesure ou la loi organique qui doit formaliser ses attributs se fera sous forme de projet de loi émanant du président de la république, ou sous forme de proposition de loi issue de sa majorité parlementaire, mais quel que soit la formule adoptée,la coalition Benno BokkYakaar ne sciera pas, la branche sur laquelle, elle est assise.

Par ailleurs comment choisir le chef de l’opposition ?

Car dans les pays anglophonesou on remarque le plus souvent un statut pour le chef de l’opposition, le jeu politique est marqué par le bipartisme le chef de l’opposition revient automatiquement au parti adverse.

Ailleurs et dans d’autres cas, il revient au parti qui a le plus de représentants parlementaires, mais, ceci pouvait avoir du sens, si les attributs avait été prédéfinis avant l’organisation des élections législativesdu 30 juin 2017, afin que les règles du jeu soit connus de tout le monde, pour que la compétition soit plus démocratique et plus sincère, mais la majorité a attendu la tenued’abord des joutes, pour connaitre les tendances électorales et de pouvoir donner des attributs au chef de l’opposition qui seront taillés sur la mesure de la personne qui l’incarnera( le plus farouche opposant ou le vieux vétéran de l’arène politique ou lejeune homme politique fougueux ou enfinles dissidents des partis politiques alliés au pouvoir).

Enfin il y’a aussi l’aspect idéologique,à tenir en compte, qui permet d’avoir une clarté,une nette différenciationdans la vie politique et la conduite des politiques économiques et sociales a tenir: gauche, droite et extrême–droite en France, travaillistes et conservateurs en Angleterre, démocrates etrépublicains aux Etats unis etc…..

Mais au Sénégald’abord nous élisons nos représentants sous forme de coalitions de partis, sans idéologies politiques communes, sans programmeséconomiques et sociauxcommuns, ensuite nous avons plus de 300 partis politiques et 47 coalitions de partis dont la majeure partie valse entre pouvoir – opposition sans avoir un minimum de fondement économique et social, ni un minimum d’intégrité morale en politique, ce qui est une équation primordiale à résoudre.

De ce fait, le débat sur le chef de l’opposition, auraplus un caractère  politicien ; il relèvera plus d’une bataille de positionnement entre opposantset un moyen de diviser la partie adverse pour la majorité.

Donc  le statut de l’opposition etle choix de son chef, au lieu d’être un point de division doit être un point de convergence contre un problème principal et très importantà solutionner. Car, pendant le referendum de 2016, on a introduit le statut de l’opposition et de son chef, sans avoir défini aussi le statut de la majorité et de son chef.

La constitution dit clairement que le Président de la république est le Président de tous les sénégalais, il n’est écritnulle part, qu’il est le chef de la majorité, donc, il doit se départir de son habitpartisan (président et chef de parti), concernant le 1er ministre, l’article 45 de la constitution dit clairement :

« La qualité de ministre ou de secrétaire d’Etat est incompatible avec un mandat parlementaire et avec toute activité professionnelle publique ou privée » or un parti politique est une association privée, certes il doit avoir le vote de confiance de l’assemblée nationale, pour bien conduire la politique définie par le Président, mais cela ne fait pas de lui le chef de la majorité politique. Car lui et son gouvernement ont des fonctions administratives qui exige un sens du dépassement pour l’intérêt général de la nation d’où la pertinence de définir le chef de la majorité, afin de départir définitivement l’administration de la politique et permettre à nos fonctionnaires et administrateurs civils de jouir de plus de liberté d’action afin qu’aucune élection future ne puissent  faire, l’objet de contestations et de doutes, dans l’organisation comme dans le déroulement et la proclamation de ses  résultats.

Voilà le problème à résoudre : la séparation de l’appareil d’Etat avec l’appareil politique, et pour cela il faut une opposition forte et soudée comme le dit le Président Idrissa Seck « avec des personnalités qui doivent s’oublier, reléguer les crises d’ego au second plan pour l’intérêt de notre nation, pour l’avenir du peuple sénégalais et enfin pour un Sénégal pour tous ».

 

Aly Nguer Faye

Coordonnateur des Jeunes de Rewmi

Thiès Est

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