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Législatives du 30 juillet 2017 : une victoire à la Pyrrhus

Le conseil constitutionnel a donc tranché : les résultats définitifs des élections législatives ont été proclamés. La coalition du Président de la République avec près de 49% des suffrages exprimés a remporté les élections et enverra à l’hémicycle 125 députés sur les 165 que comptera la nouvelle assemblée nationale. Le mode de scrutin confère donc à la coalition présidentielle 75% du corps parlementaire.

On ne reviendra pas ici sur les conditions scandaleuses dans lesquelles se sont tenues ces élections et qui ont privé plus d’un million de sénégalais de leur droit constitutionnel au vote. Nous avions déjà attiré l’attention sur les risques de manipulation du fichier électoral et l’utilisation des bourses familiales comme moyens de chantage !

Il faut néanmoins saluer l’efficacité de l’équipe du Président avec en stratège le ministre de l’intérieur M. Abdoulaye Daouda DIALLO qui a su verrouiller l’ensemble du dispositif électoral, urbi et orbi, et permettre au Premier Ministre M. Mohamed DIONNE de remporter sa première mascarade électorale. Le Président de la République devrait d’ailleurs se méfier.

Cette réussite pourrait donner des ambitions au ministre de l’intérieur qui à ce poste stratégique dispose de « dossiers » sur tout le monde, a la maitrise des services de renseignements et de la Police et bénéficie de puissants relais dans la communauté pulaar ! Nicolas Sarkozy a été le ministre de l’intérieur de Jacques Chirac.

Cette victoire de la coalition présidentielle est un mauvais coup porté à notre démocratie. Et c’est d’autant plus inquiétant que notre démocratie est encore fragile car elle ne dispose d’aucune institution solide, pérenne et au dessus des partis. De plus, la citoyenneté est encore balbutiante compte tenu du faible niveau d’éducation dans la population. Le Président de la république ne devrait pas trop se réjouir de sa victoire car notre démocratie brûle et on ne danse sur des cendres qu’à son détriment.

Dans les royaumes anciens, lorsque naissait l’héritier du trône, on le confiait à une dame inconnue du sérail, en dehors du palais, pour le protéger contre tous ses ennemis y compris et surtout ceux de l’intérieur prêts à l’assassiner. Elle disposait de tous les moyens pour l’élever et l’éduquer jusqu’à sa majorité. Il en va de même de notre très jeune démocratie.

Il faut la protéger de son pire ennemi : le pouvoir en place. Notre pays gagnerait à se doter d’une institution républicaine indépendante de l’Etat, responsable de l’organisation des élections. C’est une urgence absolue. Nul doute que c’est une des prières formulées à la Mecque par le Président de la République.

Cerno Abu Bakr Synergie Tekki France

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