Contribution

Hommage à Mamadou Lamine Niang : le soldat de l’entreprise a tiré sa révérence (09 Septembre 1945-1er Aout  2016)

Un parcours atypique ! Une foi robuste dans l’entreprise ! Un fervent apôtre du Secteur privé ! Un opiniâtre capitaine d’industrie doté d’une vision éclairée ! Un homme habitué à surmonter les obstacles, à vaincre l’adversité la plus tenace, vient de perdre son dernier combat. Celui qui l’a opposé à la grande faucheuse dont la ponctualité est une lapalissade.

Mamadou Lamine NIANG, ancien président de la Chambre de Commerce d’Industrie et d’agriculture de Dakar, pendant une vingtaine d’années,  a rendu l’âme, en France, à la date du 1er Aout 2016. Son corps nous parvint dans la nuit du 03 au 04 Aout, à l’aéroport Léopold Sédar SENGHOR, pour être acheminé à la morgue de l’hôpital Principal. Et le lendemain 04 aout 2016, il fut accompagné à sa dernière demeure à Touba.

Lamine est né dans la même année que mes frères feu Amadou Diama et Ndeye Mberla. Parler de cet homme pourrait être un exercice relativement simple dès lors qu’on le connait tant il incarnait des valeurs propres aux grands hommes. Ceux qui ont choisi le noble chemin de servir leur prochain. Ceux qui font preuve de générosité et d’abnégation dans l’effort utile pour réussir. Réussir les challenges les plus difficiles, réunir autour de l’essentiel les proches, les collaborateurs, les membres de leur corporation professionnelle, bref ceux qui, de près ou de loin, constituent les maillons des chaines dont ils sont membres à part entière.

Son allégeance au guide éclairé, feu Serigne Saliou MBACKÉ, traduit sa foi en Dieu via sa confession « mouride » – à l’image de toute sa famille -, qui érige le travail en précepte. Son éducation reçue de parents abreuvés aux sources vertueuses de la « tarikha » du vénéré Cheikh Ahmadou Bamba – je parle du père Ibrahima  et de la mère Coumba Diop NDIAYE, alliée à sa persévérance dans la vie, l’ont porté en France pour de brillantes études supérieures. Une licence en économie obtenue à l’université de Grenoble et un MBA décroché à la prestigieuse école, HEC – Paris, demeurent, à n’en pas douter, les armes qui, en sus d’une rigoureuse éducation de base familiale, lui ont ouvert les voies du succès.

Les poignants témoignages entendus à la levée du corps de cet illustre disparu, ce 04 Aout 2016, à l’hôpital Principal, ont fini d’enseigner à nombre de sénégalais des facettes méconnues de son engagement.  C’est ainsi que le Président de la République se permit de dévoiler quelques secrets de leurs entretiens. Imitant sa voie vaux rauque, au timbre unique, sur un ton moqueur, dans la prononciation de l’expression : « Monsieur le Président de la République », avant qu’il ne lui rétorque en « Wolof » : « Président, yaa ngui may tooñ dé. ».

 Ce dernier, édifiera l’assistance dans son allocution, que Lamine avait voulu quitter la présidence de cette chambre depuis longtemps, mais que c’est lui qui l’en avait dissuadé, du fait de l’utilité de son expérience et de ses compétences au projet de réformes des chambres consulaires. Il s’est, en outre, appesanti sur ses qualités de loyauté envers l’État, de son efficacité dans le travail, de son engagement, mais aussi du rôle ô combien éminent qu’il a joué dans l’élaboration et la mise en œuvre du Marché d’intérêt communautaire de Diamniadio.

Le pathétique témoignage du président de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), monsieur Mansour KAMA, a fait perler des larmes. Le sanglot de la personne qui a déchiré le silence et la solennité de l’événement me traverse encore l’esprit lorsque, ce leader, la voix étreinte par l’émotion, debout devant le cercueil dit sèchement : « Lamine, nous te demandons pardon.

Moi aussi, personnellement, je te demande pardon pour t’avoir supplié de rester et de nous accompagner dans l’élaboration du projet de réforme desdites chambres, ce qui t’a valu d’être trainé dans la boue par des personnes mal intentionnées et hypocrites. ». Que de lauriers tressés à l’ endroit de Lamine !

Maitre Doudou NDOYE, son avocat et ami, maitre de cérémonie, en ce jour de levée du corps, à la morgue de l’hôpital Principal de Dakar, a retracé le croisement de leurs chemins, datant de très longtemps. Il a, en outre, jeté un coup de projecteur sur les fondements de leur amitié, les qualités et les vertus qui ont gouverné Mamadou Lamine NIANG, durant toute sa vie.

Docteur Daouda THIAM, vice – président de la CCIAD, a revisité les contours d’une sincère collaboration avec l’illustre disparu, durant son magistère au faite de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dakar. Par le   rappel du brillant cursus universitaire de son défunt collègue, ce dernier s’est appesanti sur cet arsenal d’efforts consentis quant à la mise sur pied de beaucoup d’innovations pour hisser cette chambre à un niveau jamais atteint, mais aussi dans le cadre du rapprochement des organisations patronales du pays , au prix de moult sacrifices. Un véritable homme de consensus !

Au nom de la famille, notre oncle, Abdoulaye DIONGUE, ancien président de la « Croix rouge » nationale, affectueusement, surnommé « Pa Laye », par tous les proches, dans un discours empreint d’affliction, a mis en relief l’importance et la sacralité des liens de parenté dont le disparu s’était fait une haute idée. Nostalgique, il se rappela l’avoir inscrit et guidé ses premiers pas à l’école. Finissant par dire que Lamine lui a tout donné. Il lui a tout offert. Les innombrables billets de la Mecque octroyés aux membres de la famille en attestent éloquemment, outre l’aide accordée aux parents, lors des fêtes de «Tabaski » et de « korité ».

Par cette matinée du jeudi 27 avril 2017, dans ce temple du Grand Théâtre de Dakar, la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Dakar et les organisations patronales et professionnelles du pays, ont eu l’idée géniale de rendre hommage à ce Grand Sénégalais arraché à notre affection.

La cérémonie fut présidée par le ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Promotion des produits locaux et des PME, monsieur Alioune SARR, représentant son Excellence, Monsieur le Président de la République. Leaders, patrons, hommes d’affaires, hommes politiques, commerçants, parents et proches du défunt, venus d’horizons divers, ont communié dans la ferveur et le recueillement, pour célébrer Lamine.

Comme lors de la levée du corps à l’hôpital, docteur Daouda THIAM, président intérimaire de ladite chambre a démarré les témoignages par un speech dans lequel il évoque le riche curriculum vitae de cet apôtre de l’entreprise. Il rappela ses passages comme directeur général de la « DICOPA », de la « SOSEDA » et de « EQUIP – Plus» qu’il a sorti des langes. Qui plus est, il explicitera les chantiers défrichés par le défunt président pour hisser cette institution à ce niveau tant envié et, listera le chapelet de qualités spécifiques au disparu, propres aux grands managers.

S’invite alors à la cérémonie la diffusion d’un film audiovisuel reprenant l’hommage rendu à  Lamine par d’illustres personnalités appartenant à différentes organisations patronales ou professionnelles, j’ai nommé les présidents Youssoupha WADE, Djim Momar KÉBÉ et j’en passe.

Le témoignage de monsieur Essahouma MEBA, président de la Confédération Patronale des Chambres de Commerce d’Afrique Francophone (CPCCAF), planchera sur les qualités et la vision de l’homme. Aussi, ce fut le cas de quelques uns de ses anciens collaborateurs, je parle de monsieur Ibrahima BASSE, ancien directeur de l’industrie, madame l’ambassadeur de Turquie, son ami monsieur Matar GUEYE.

Dans la même veine, Moustapha DIAKHATÉ, après avoir formulé des prières pour le bon déroulement de la cérémonie et pour le repos de l’âme du défunt, a, au nom de la famille de Serigne Saliou MBACKÉ fait la genèse des rapports existants entre le disparu et la communauté de Touba, j’allais dire vis-à-vis de sa famille d’adoption. Il a parlé de sa générosité et de son entier dévouement à la ville sainte connus de tous et finit par souhaiter de l’immortaliser par un parrainage symbolique d’un élément du patrimoine national.

Il est revenu à son fils ainé, Serigne Mbaye NIANG, président du conseil d’administration de la société « Equip – Plus », que son papa a sorti des limbes, de parler au nom de la famille. Et l’on retient de son discours pathétique la place de choix occupée par celle – ci, dans la vie de son illustre père, qui, en dépit de ses innombrables responsabilités, n’a jamais dérogé à ses obligations parentales.

Louant sa générosité, et son esprit de solidarité, il affirma qu’issu d’une famille de vingt – sept bouts de bois de Dieu, son père ne pouvait que vivre pour les causes d’intérêt communautaire. En citant, entre autres, les retrouvailles familiales au déjeuner du vendredi, à la maison du Point E, qui en témoignent. Un bon père de famille !

Le président Mansour KAMA, a opiné du bonnet,  en énumérant, entre autres, les vertus qui ont fait de l’homme, l’opiniâtre travailleur, toujours armé de la foi du talibé mouride, imbu des principes de travail dans lesquels, il a été élevé par son mentor le vénéré Serigne Saliou MBACKÉ…

Quant au ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Promotion des Produits locaux et des PME, monsieur Alioune SARR, la quintessence de son propos sera axée sur la loyauté de son ancien collaborateur, son efficacité dans le travail, sa foi dans l’entreprise et le rôle ô combien important qu’il a joué dans l’élaboration de certains dossiers comme celui du Marché communautaire de Diamniadio.

Ainsi prit fin la cérémonie rigoureusement dirigée par l’animateur Pape FAYE, après, exactement deux tours d’horloge de témoignages. Lamine a été si magnifié que son ombre a plané dans cette salle du « Grand – théâtre ». Tout ce mérite lui revient. Lui, qui était le patron de l’économie sénégalaise.

Oui, le cador du coaching et du  management s’en est allé. Le leader, l’homme de consensus, le médiateur, le visionnaire s’est mis en retrait. Le combattant a déposé les armes. L’homme qui maniait fichtrement bien la langue de Molière s’est tu ; celle de Shakespeare, aussi, selon le président KAMA. Mais son œuvre nous survivra.

Oui, nous saluons le parrainage de ces salles dont celle du bureau de mise à niveau qui portent désormais son nom. Et nous sollicitons de l’État qu’il offre Lamine NIANG, en exemple aux nouvelles générations, surtout pour prouver à tous qu’il est possible de se faire tout seul dans ce pays. J’interpelle les Instituts Supérieurs de management d’étudier Lamine. Parrainer une infrastructure d’envergure à cet homme, ne serait que justice rendue. Idem pour son prédécesseur à la CCIAD, mon beau – frère, Issa DIOP, un autre monument.

 Je ne peux m’empêcher de parler de sa maman Adja Coumba Diop NDIAYE, notre « badiène », une cousine de mon père. Du fait de leur cousinage à plaisanterie, son nom  est connu de tous nos proches parce qu’attribué à toute femme ou fille dont il voulait parler ou se moquer, nous contaminant à en faire de même. Une grande dame, débonnaire, qui était aussi une amie, à qui, il m’arrivait de rendre visite, surtout pour discuter.

 J’étais très impressionnée par sa promptitude à instruire ma cousine Diewa NDIAYE, à me servir à manger, pour peu que je franchisse le seuil de la porte de son domicile de Ouagou Niayes II. Je me rappelle de ses propos m’enjoignant de ne pas suivre le mouvement de la grève estudiantine de 1987, qui avait conduit à l’année blanche. Ou de dire beaucoup de bien de mon père, Eumeud Gnagna, comme elle aimait à l’appeler. Quel sens de la parenté !

À ses veuves Aïda BITEYE, encline à trouver un rendez – vous avec Lamine, à tout requérant, et Paulèle FALL, que Dieu les aide à surmonter cette perte ;

À sa progéniture : Serigne Mbaye, Mame Khourédia ou Mame Boye et Alioune, que Dieu leur procure la force pour endurer cette épreuve et de pouvoir, sur le plan professionnel, hisser la barre plus haute qu’au niveau fixé par leur défunt père ! C’est un challenge.

À ses frères Saliou, Amadou, Mahib, Meïssa, Serigne Mabcké et à Diéwa, ma chérie ; et à toute la famille ;

À Monsieur le Président de la République, au peuple sénégalais, au Secteur Privé, à la CCIAD et à l’ensemble de la famille des chambres consulaires d’Afrique francophone, nous présentons nos très sincères condoléances.

Repose en paix Lamine !

Repose au panthéon de l’entreprise !

Que la terre de Touba lui sa légère !

Un cousin dénommé

Mame Abdoulaye TOUNKARA

btounka@yahoo.fr

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