Contribution

Cascade de fuites au Bac-Édition 2017 : À qui réellement la faute ?

“L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde”

Nelson Mandela

Cette année – ci, il a été malheureux de constater que ce que nous avons de plus cher et de plus que rentable, en terme d’investissement, dans le long terme à savoir notre système éducatif, est entrain d’être bafoué par un encadrement, si bien professionnellement connu. Alors, qu’en est-il véritablement de tout cela ?

Au fait, le mercredi 5 juillet dernier, à la grande surprise, les élèves candidats au Baccalauréat Général, au nombre de 147 607 répartis dans 475 jurys et environ 350 centres, devant composer pour l’épreuve du français et celle d’histoire-géographie ont été subitement interrompus dans la matinée, sous prétexte qu’il y aurait fuites des sujets à l’échelle nationale.

Or, le signal avait été déjà donné, plus d’un mois avant,  durant les épreuves des anticipées de philosophie de juin passé, sans qu’apparemment aucun dispositif réparateur et préventif pour ces épreuves concernées ne soient pris. Chose rarissime et à la fois bizarrissime au regard du processus assez complexe de réalisation des sujets, partant de la confection à la distribution ; d’où cette intéressante question qui taraude, en ce moment, l’esprit de pas mal de nos concitoyens c’est à dire qui en est réellement fautif ?

C’est pourquoi, nous essayons modestement d’apporter notre point de vue dans ce système d’équation à plusieurs inconnus !

En effet, ce qu’il faut d’ores déjà retenir, c’est que contrairement aux idées reçues et appréhensions de certains, la préparation et l’organisation de tels examens sous l’égide du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par le biais de l’Office du Baccalauréat, basé au sein de l’Université Cheikh Anta DIOP de DAKAR, sont normalement soumises à un mode d’emploi très procédural voir pointilleux. Surtout que, ces dits examens et concours restent les seuls moyens permettant d’évaluer les élèves afin de valider leurs diplômes.

Donc, la valeur nationale et même internationale de ces derniers doit impérativement dépendre d’une certaine crédibilité à laquelle nous devons tous fortement être attachés, en tant qu’usagers d’abord. Ainsi, il revient au service public (l’Etat par l’intermédiaire du Ministère concerné avec l’Office du Bac, comme organe central) d’assurer cette garantie, sous la responsabilité, bien sûr des acteurs légitimes de l’Éducation nationale, nous voulons nommer les enseignants, seuls compétents dans l’évaluation des élèves et la validation de diplômes pour les examens et les concours du même genre.

En outre, le respect d’un certain nombre d’étapes s’avère plus que nécessaire pour tout pays qui souhaite voir son diplôme reconnu sur le plan international. C’est dans cet ordre d’idées qu’un processus standard assez contraignant est établi comme suit :

Nomination des Présidents de commission d’élaboration de sujets

 ⇓
Désignation des concepteurs de sujets et des membres de la commission


Appels de sujets

 ⇓
Réception des sujets


Commission d’élaboration de sujets


Évaluation par des professeurs d’essai


Relecture


Validation des sujets (par le Recteur pour le baccalauréat)


Envoi des maquettes aux académies


Reproduction des sujets

 ⇓
Mise sous scellés des sujets


Organisation de l’acheminement des sujets sous scellés

 ⇓
Distribution des sujets

 ⇓
Permanence durant les épreuves

Maintenant, eu égard à tout ce qui précède, on voit naturellement que tout tourne autour de l’équipe technique de l’Office et des enseignants proprement dit. Ce qui doit obliger à avoir des personnes respectueuses foncièrement des principes de neutralité, de probité, de confidentialité, ainsi que celui de l’égalité de traitement des candidats et cela de la conception des sujets, de l’organisation des examens aux membres des jurys en passant par les enseignants ou professeurs d’essai.

Malheureusement chez nous, ayons le courage de le dire, le fatalisme est  le véritable “parent riche” de notre société ; d’où cette attitude récurrente à la médecine après la mort. En illustration, plutôt que de soigner pour de bon les racines du mal, dès les premiers signaux, les actions sont actuellement focalisées, d’abord sur les 28 personnes suspectes, à ce jour (élèves, étudiants, proviseurs et enseignants-professeurs) mises aux arrêts ensuite sur le fait que les candidats étaient ce lundi 10 juillet, de nouveau appelés à composer sur les deux principales matières à problèmes (français et Histoire – géographie).

Avec, nous supposons, des sujets élaborés et validés en un temps record et de surcroît, en moins d’une semaine,  en flagrante violation du processus édicté. Raison, plus que valable pour douter de la qualité de telles épreuves. Alors qu’à notre avis, il serait, à la fois beaucoup plus digne de foi et judicieux de les renvoyer à une date ultérieure, le temps de mieux préparer les sujets  et d’orienter la réflexion sur un autre niveau aussi bien avantgardiste que précautionniste car rien ne justifie que ces mêmes sujets représentés  étaient à l’abri de probables fuites ; d’autant plus qu’il paraîtrait que d’autres comme les Mathématiques seraient même touchés.

Autrement dit, en repensant, tout bonnement à un autre système répondant, tout au plus, aux normes internationales de sécurisation car “La valeur d’un trésor réside dans son secret.” dixit la journaliste québécoise de renom Suzanne Martel dans “Premières armes”. Secret, d’ailleurs imposé à tout professionnel. En l’espèce, à y voir de près, nous savons que les membres de la commission d’élaboration, les enseignants d’essai ainsi que les membres des jurys sont tous soumis à un devoir de réserve en ce qui concerne la confidentialité des sujets et des délibérations. De ce fait, ils ne doivent en aucun cas divulguer leur contenu à qui que ce soit.

Par ailleurs, aucun candidat ne doit avoir connaissance, à priori  des sujets et de ses notes ou de son résultat avant d’en recevoir la notification officielle. Tout cela, conformément aux dispositions du décret n° 95-947 du 18 octobre 1995 modifié, par le décret n° 2000-586 du 20 juillet 2000 et complété par le décret n° 2002 – 330 du 3 Avril 2002 portant organisation du Baccalauréat et d’autre part du Concours Général institué par le décret 61-213 du 30 Mai 1961 modifié, par le décret 61-454 du 4 Décembre 1961.

Étant donné maintenant, qu’il est manifestement démontré que les fuites ne peuvent provenir que de l’encadrement, en l’occurrence des enseignants et/ou des techniciens de l’Office du Bac, de sévères  sanctions doivent être infligées aux coupables désignés pour que nul n’en n’ignore désormais, les conséquences de tels actes afin que également que la confiance soit rétablie aussi bien entre parents et enseignants qu’élèves et enseignants car  “le secret de l’éducation réside dans le respect de l’élève.” dixit l’essayiste-philosophe américain Ralph Waldo Emerson. Et pour obtenir ce dit respect, l’enseignant doit être irréprochable car étant, dès fois même sans le savoir, une référence pour l’élève.

Concernant, les élèves, en purs produits de la société sénégalaise, cette recommandation de Serigne Touba Cheikhoul Khadim indiquant que «Vous les jeunes pour ne pas être déshonorés demain, il faut mettre le savoir avant toute chose » doit être leur credo, en lieu et place d’une recherche effrénée de “l’avoir sans le savoir”, en toute connivence avec des encadreurs éhontés pouvant hypothéquer leur avenir pour de bon.

Qu’Allah SWT veille sur NOTRE CHER Sénégal … Amen

Par Elhadji Daniel SO,

Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal

Ensemble, Construisons le Sénégal !

Eldasso@yahoo.fr 

 

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